Pour former de bons lecteurs, il faut prendre son temps.
Les premières leçons doivent donc être étudiées très lentement. Toute l’année, il est important de faire de fréquents retours en arrière. Et je demande même aux parents de refaire le soir les exercices de lecture faits en classe.
En classe, je demande à chaque élève une lecture intégrale de la page de la veille, toujours à voix haute. Cette activité se déroule en trois fois une demi-heure.
Les lectures à lire à la maison sont assorties de dictées préparées, étudiées et déjà copiées en classe. Ces dictées, toujours tirées de la leçon en cours, sont graduées pour aller du très facile au plus difficile.
L’apprentissage de l’écriture et de l’orthographe doit être simultané à celui de la lecture.
Il est bon également d’y associer des dessins (NDLR : On apprendra par exemple le mot « pomme » en le lisant, en l’écrivant, en remarquant les deux « m » et en dessinant une pomme.).
Pour les exercices de calligraphie, je demande aux élèves d’utiliser d’abord un crayon à mine tendre (2B) afin de pouvoir gommer. Quand ils atteignent une bonne maîtrise, je leur fais utiliser des stylos à bille. J’ai longtemps proposé à mes élèves d’écrire à l’aide d’une plume d’acier mais cette pratique n’est plus possible depuis le changement de mobilier : il n’y a plus de logement réservé à l’encrier de porcelaine, qui pourtant passionnait les élèves et les obligeait à prendre beaucoup de soin.
Au cours des premières semaines, j’exécute moi-même les lignes des élèves les plus maladroits, de sorte qu’ils n’ont plus qu’à repasser. Je suis extrêmement attentif aux tracés. J’exige dans cette activité, de la précision dans le geste et toute la concentration nécessaire à cette tâche délicate. Je m’attarde en particulier longuement sur la tenue du crayon et la posture du scribe sur sa chaise. C’est d’ailleurs notre premier quart d’heure du matin, celui où je suis sûr d’avoir toute leur attention.
Comment j’enseigne la discipline à mes élèves de CP, par Jean-Pierre Picandet