Encore une fois les résultats de la France se dégradent aux évaluations internationales en mathématiques et en sciences.
Avec un score de 485 points en mathématiques et de 488 points en sciences, la France se situe en deçà de la moyenne européenne ainsi que de celle des pays de l’OCDE, globalement et quel que soit le domaine de contenus ou le domaine cognitif considéré. Depuis 1995, les élèves de quatrième auraient perdu 47 points soit l’équivalent d’une année d’enseignement !
Quelle est la raison ? En lisant en détail le rapport TIMSS, il est possible de procéder par élimination :
Ce n’est pas faute de confiance en soi. On dit souvent que les élèves français sont stressés et que notre système éducatif est trop directif. Ce n’est pas vraiment un critère puisque la moyenne française est en gros égale à la moyenne internationale : 45% des élèves en France n’ont pas confiance en eux, contre 46% dans le monde.
Ce n’est pas par manque de temps passé à faire des maths. Nos élèves passent 124 h par an contre 125h en moyenne dans le monde.
Ce n’est pas le manque d’attachement des professeurs à leur métier. Si les professeurs français aiment moins leur métier que la moyenne mondiale, ils l’aiment plus que leurs collègues finlandais et japonais qui, eux, obtiennent de bien meilleurs résultats.
Ce n’est pas le nombre d’élèves par classe. A Singapour, premier pays du monde en maths et en sciences depuis 1995, le nombre moyen d’élèves par classe est de 32 élèves.
Ce ne sont pas les programmes. En tant qu’éditeur scolaire, j’adapte la méthode de Singapour depuis plus de dix ans aux programmes français et les contenus ne sont pas très différents. Tout au plus peut-on dire que les français font plus de géométrie et moins d’algèbre (ce que traduisent d’ailleurs les résultats de l’évaluations TIMSS)
Alors quelle est la raison de ce désastre pédagogique ?
Elle est double : la méthode et la formation.
Se pencher sur l’enseignement des mathématiques, c’est nécessairement s’intéresser aux manuels que l’on présente aux élèves. La méthode de Singapour, que j’édite depuis 2007 en France, est fortement inspirée des ressources mathématiques de ce pays. Celles-ci ont été pensées et réfléchies sur le long terme avec un va-et-vient entre chercheurs et enseignants. La méthode de Singapour repose sur une approche explicite et très progressive, qui part d’une représentation concrète pour aller vers l’abstraction. Les quatre opérations sont introduites dès le CP et les fractions dès le CE1 afin d’accompagner les élèves du simple vers le complexe, en posant des bases solides qui s’étoffent graduellement. Mais ce n’est pas pour autant une méthode miracle !
On le sait, la réussite de l’Etat de Singapour dans ce domaine est liée à une formation riche en mathématiques, soit 100h par an à Singapour (contre 9h officiellement en France). Que font les professeurs pendant tout ce temps ? Ils travaillent et collaborent ensemble sur la planification des leçons, leur mise en œuvre et mesurent l’impact de leurs interventions auprès des élèves. A force de faire des maths, ils aiment les maths, donc aiment les enseigner – amour qu’ils communiquent à leurs élèves : c’est un cercle vertueux. Les professeurs à Singapour sont experts dans les matières fondamentales, et c’est ce qui le rend si efficaces et passionnés.
Comme éditeur scolaire, mon travail consiste à observer des méthodes d’enseignement efficaces, comme la méthode de Singapour, de les mettre à disposition des enseignants français en les accompagnant d’une formation. Pour remonter le niveau de mathématiques en France, il n’y a pas de recette magique, appuyons-nous sur des leviers qui fonctionnent !