Chers professeurs, chers parents, Les résultats de l’enquête TIMSS, parus aujourd’hui, placent Singapour 1er du monde en mathématiques, et la France en 35e position seulement sur 57 pays, avec une note significativement au-dessous de la moyenne. Je me permets de vous écrire, car je pense qu’il est urgent de s’intéresser aux vraies raisons du succès de Singapour en mathématiques et en sciences. Cela fait maintenant 10 ans que La Librairie des Écoles édite la méthode de mathématiques de Singapour en France, et j’ai eu l’occasion de réfléchir à la question de manière approfondie. Les résultats de PISA et de TIMSS ne sont pas une fatalité, et l’efficacité de l’enseignement scientifique est avant tout une question de méthode. La méthode de Singapour repose sur quelques principes simples : 1)  La résolution de problèmes doit être au cœur de l’enseignement des mathématiques ; 2)  Il vaut mieux traiter moins de sujets, mais les traiter en profondeur ; 3)  L’abstraction mathématique doit être enseignée de manière progressive et explicite ; 4)  Pour bien enseigner les mathématiques, il faut être bon en mathématiques, et donc faire des mathématiques ! Quand on aborde la question des bons résultats de Singapour aux tests internationaux, on est confronté aux préjugés suivants : –       les asiatiques sont bons en maths de manière générale ; –       les élèves singapouriens sont dociles et manquent de créativité ; –       les tests internationaux ne sont pas fiables ; –       on ne peut pas « importer » en France une méthode venue de l’étranger. Ce n’est pas la vérité La méthode de Singapour est présente aujourd’hui dans plus de 60 pays, dont le Royaume-Uni qui vient de décider que la moitié de ses écoles utiliserait les méthodes asiatiques en mathématiques. Son application porte ses fruits partout à condition qu’elle soit accompagnée d’une formation pour les maîtres. Des tests – et pas seulement des tests PISA ou TIMSS – ont été conduits là où la méthode de Singapour a été mise en place. Invariablement, les résultats montrent que le niveau de tous les élèves augmente, y compris ceux qui ont des difficultés. Prenons l’exemple de cette étude faite en 2009 aux Etats-Unis dans cinq écoles du New Jersey [1], qui a montré des résultats remarquables. 124 élèves de CM1 ont utilisé la méthode de Singapour, contre 533 qui ont continué avec leur méthode habituelle. Les élèves sélectionnés avaient un niveau homogène en mathématique, c’est-à-dire qu’il y avait le même pourcentage d’élèves bons en maths, d’élèves moyens, et d’élèves en difficulté. Seulement un an plus tard, dans les classes qui utilisaient la méthode, le nombre d’élèves bons en maths avait grimpé de 32% à 54%. Dans le même temps, le nombre d’élèves moyens était passé de 48% à 39% et le nombre d’élèves en difficulté de 18% à 6% ! En un mot : la méthode avait profité à tout le monde, même aux élèves en difficulté. C’est d’autant plus remarquable que les cinq professeurs qui avaient conduit le test n’avaient pas été initialement formés à la méthode. Dans les pays où les professeurs sont formés, les résultats sont encore plus parlants, raison pour laquelle de plus en plus de pays l’adoptent. Parallèlement, les classes témoins – celles qui n’utilisaient pas la méthode – n’avaient pas connu d’évolution significative. La faute à PISA ? La mode est aujourd’hui de critiquer les tests PISA ou TIMSS. Il est en effet toujours plus simple de remettre en cause ces outils…  Encore ce matin en me pesant, je n’ai pas remis en cause mon régime, mais ma balance ! Mais les tests TIMMS et PISA sont loin d’être des indicateurs hasardeux : ils ne se contentent pas de mesurer des connaissances apprises par cœur ou des procédures standardisées, mais prennent en compte le raisonnement mathématique et la résolution de problèmes. Comment tricher alors ? Si vous ne me croyez pas (et si vous parlez anglais), allez voir la vidéo du directeur général de PISA, le Dr. Andreas Schleicher : https://www.youtube.com/watch?v=QxEV9cN2tcs Ou lisez les protocoles de l’étude TIMMS : http://timssandpirls.bc.edu/timss2015/frameworks.html Maintenant, il est temps d’agir Aujourd’hui, la méthode de Singapour que nous éditons est utilisée dans environ 2 000 écoles françaises. Pour accompagner les enseignants, nous proposons des formations aux écoles ou aux circonscriptions qui le souhaitent. De plus, à l’occasion des nouveaux programmes, nous avons publié une édition entièrement adaptée par une équipe de professeurs français. https://www.lalibrairiedesecoles.com/produit/maths-fichier-de-leleve-a-cp-nouvelle-edition/ Nous souhaitons enfin créer un renouveau de l’enseignement des mathématiques en France, en encourageant les professeurs à utiliser cette méthode qui a fait ses preuves partout dans le monde, à nouer des accords d’échange avec Singapour, en incitant des universités à venir mesurer l’impact réel de la méthode sur les élèves. N’hésitez pas à faire appel à nous pour en savoir plus sur cette méthode qui ne tient ni du miracle, ni d’une révolution mais qui propose simplement un bon équilibre entre les pratiques pédagogiques qui fonctionnent et qui font aimer les mathématiques. Bien à vous, Jean Nemo Directeur général PS : Si vous souhaitez participer à des accords d’échange, participer à un programme de formation ou seulement témoigner, n’hésitez pas à nous contacter via le formulaire de contact
[1] New Jersey Assessment of Skills and Knowledge (NJ ASK), Spring 2009 and 2010, conducted by Educational Research Institute of America.